L'Amicale des Transplantés de la Pitié Salpêtrière

Histoire de la Pitié-Salpêtrière

Situé dans le 13e arrondissement, le plus grand hôpital
de Paris est loin d’avoir toujours accueilli des malades.
D’abord arsenal du Roi Louis XIII puis prison pour les mendiants
et pour les “folles”, son histoire longue de quatre
siècles cache bien des mystères. Il est l’heure de remonter
le temps pour comprendre l’évolution de ce lieu dont
on ne connaît pas grand-chose…
Une histoire de poudre
Comme de nombreux lieux de Paris, cet hôpital a d’abord
été un lieu de production d’armes. Son nom vient du
salpêtre, utilisé pour fabriquer de la poudre à canon. En
latin, cela signifie « sel de pierre ». Le Petit Arsenal de
la salpêtrière de Paris était un lieu de production et de
stockage. Il a servi à Louis XIII pour fabriquer la poudre
nécessaire aux mousquets et aux canons de l’artillerie
française. La poudre à canon est le plus ancien explosif
chimique, composé de soufre, de salpêtre (c’est-à-dire
du nitrate de potassium) et de charbon de bois. Ce mélange
inventé par les Chinois est le même que dans les
feux d’artifice.
Création de l’Hôpital général de Paris,
la prison des pauvres
Mais la Salpêtrière n’est pas un lieu de fête. Louis XIV a
décidé en 1656 d’y construire le chef-lieu de l’Hôpital général
de Paris à la place de l’arsenal. Ce n’était pas pour
soigner les Parisiens mais pour enfermer les pauvres.
L’objectif était de supprimer les mendiants et les Cours
des miracles. Ce joli nom cache une bien triste réalité :
les plus démunis se réunissaient à plusieurs endroits de
Paris en faisant croire qu’ils étaient infirmes. La nuit venue,
plus d’éclopés, plus de soldats mutilés, plus de malades,
plus d’orphelins grelottant de froid… Tous étaient
sur pied et guéris, comme par magie. Le Roi-Soleil voyait
son illustre ville salie par ces vagabonds. Ainsi, pour faire
régner l’ordre public et l’ordre moral, tous ces désoeuvrés
ont été enfermés dans l’Hôpital général de Paris. Jusqu’à
la Révolution, les détenus de l’Hôpital malades étaient
transférés à l’Hôtel-Dieu.
Un modèle d’internement un peu trop en vogue
Ce modèle d’enfermement pour nettoyer les rues est devenu
si fort que 6000 personnes, soit 1% de la population
parisienne de l’époque, se sont retrouvées enfermées
dans ces murs. Cette « mode » de l’emprisonnement des
pauvres a pris énormément d’ampleur en dehors de Paris,
puisqu’en un siècle 32 hôpitaux généraux ont vu le
jour dans l’hexagone. Les autres pays européens ont dû
trouver l’idée formidable puisque des structures d’internement
forcé équivalentes ont vu le jour en Italie, en Espagne
ou encore en Allemagne…

La Pitié
L’Hôpital de la Pitié, lui, a été construit en 1612, sur l’emplacement actuel de la Grande Mosquée
de Paris. Contrairement à la Salpêtrière qui produisait initialement de la poudre à canon, il a été directement érigé pour enfermer les mendiants. Le nom de la Pitié vient de la chapelle présente dans l’enceinte de l’hôpital, placée sous l’invocation de Notre-Dame-de-Pitié. Il devient une
dépendance de l’Hôpital général de la Salpêtrière dès 1657. La spécialité de cette structure était d’accueillir les enfants des mendiants et des orphelins. Les nouveaux bâtiments de la Pitié ont été
installés à côté de ceux de la Salpêtrière en 1911, avant de fusionner avec ce dernier en 1964.
Le changement révolutionnaire du Docteur Pinel

Beaucoup de femmes étaient également logées à la
Salpêtrière dans la Maison de Force créée en 1684. Dans cette prison, plusieurs types de «dérangées » étaient en- fermées. Les prostituées jugées corrigibles ou non, des femmes sur qui on
devait employer la « Grande Force » et celles emprisonnées par lettre de cachet (c’est-à-dire un
enfermement décidé sans procès par le Roi). Ce sont ces dernières que l’on envoyait pour peupler
les nouvelles colonies françaises. On peut facilement imaginer que les conditions d’emprisonnement ne devaient pas être douces. Cela a changé grâce à l’arrivée du Docteur Pinel en
1795. Il a préconisé d’arrêter de rouer de coups les prisonnières et de ne plus les enchaîner. Une grande avancée…
Le bal des folles
Plusieurs bals étaient organisés dans l’enceinte de l’Hôpital. Le plus connu est le bal des folles, auquel assistaient chaque année pour la Mi-Carême de nombreuses personnalités. La Mi-Carême célèbre à Paris la fête des femmes depuis le 18ème siècle (aujourd’hui appelée Carnaval des femmes). Dans la Salpêtrière, les patientes des services psychiatriques (appelées les «aliénées ») se déguisaient et se paraient de leurs plus beaux atours pour cette fête. Les journaux
de l’époque en parlaient comme d’un bal fantastique, aussi beau qu’une fête bourgeoise avec une
décoration raffinée et des costumes travaillés.
Classé monument historique
Ces siècles d’existence rendent le plus grand hôpital de Paris gorgé d’histoire. Ce pourquoi plusieurs de ses bâtiments sont classés monuments historiques depuis 1976. Figurent sur la liste entre autres la Chapelle, le pavillon d’entrée, l’ancienne Force, la lingerie, la pharmacie… Ce sont ces bâtiments du 17ème construits par le Roi-Soleil pour cacher la pauvreté qui servent toujours pour soigner les Parisiens d’aujourd’hui.

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